L'enterrement fictif du kaiser Guillaume II dans les Marolles en 1919

Rappelons que Frédéric Guillaume Victor Albert de Hohenzollern (1859-1941), troisième et dernier empereur allemand, neuvième et dernier roi de Prusse, abdiqua, depuis le château de la Fraineuse à Spa, en tant qu'empereur allemand le 9 novembre 1918 devant la mutinerie des marins de la flotte à Kiel et la mise en place de conseils ouvriers dans toutes les grandes villes de l'Empire. Il se réfugia ensuite aux Pays-Bas à Doorn. Lors du Traité de Versailles, le 28 juin 1919, les Alliés le déclarent responsable de la guerre et réclament son extradition pour le juger, mais le gouvernement hollandais refuse. Protégé par la reine Wilhelmine, il restera en exil dans ce pays jusqu'à son décès le 4 juin 1941.
Soulagés depuis novembre 1918 de la pesante occupation allemande qu'ils subirent, comme tous les Bruxellois, pendant 50 longs mois, les Marolliens purent exprimer leur esprit facétieux et de résistance qui les caractérise lors de la première kermesse d' el Blad qui se tint 28 juin au 3 juillet 1919. Dans la tradition de la pure "zwanze" bruxelloise, ils organisèrent l'enterrement de l'empereur Guillaume II comme ils le feront d'ailleurs pour Hitler en 1945. A cette occasion un faire part fut publié et en voici le texte :
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"Madame INTELLIGENCE , née RAISON;
Madame COMPREHENSION, née LOGIQUE;
Madame DELIVRANCE, née ESPERANCE;
Monsieur LE JUSTE TRIOMPHANT,
ont l'immense satisfaction de vous informer de la mort morale du

Citoyen GUILLAUME II 
ci-devant Empereur d'Allemagne et Roi de Prusse 
brusquement enlevé à leurs rancœurs accumulées par un enchaînement de circonstances auxquelles tous et toutes ont contribué.

Il y avait longtemps déjà que courait la maladie du Siècle qui a nom" Emancipation" et à
laquelle devait succomber le moderne mystique.
Un accès de crise rouge, forme la plus grave de l'épidémie, a eu raison, en quelques heures
de sa résistance opiniâtre.
Vu les circonstances, on est prié de ne tresser aucune couronne, les lauriers étant réservés
aux vainqueurs ; quant aux fleurs, celles de son encombrante réthorique (sic) lui suffiront
comme souvenir.
Seules les épines, dont le disparu ne cessa de piquer l'amour-propre de ses contemporains
pourront être retournées au KRONPRINZ pour qui elles seront un aide mémoire salutaire.

Exil, date des événements

Reproduction interdite Vente en gros : rue Terre-Neuve,123, Bruxelles"

Les Marolliens vont donc mettre en scène différents tableaux rappelant la Grande Guerre :
La Croix Rouge, les déportés civils, la Kommandantur (le tableau se passe devant le 369/371 rue Haute, à l'entrée de l'impasse des Liserons (disparue) située en face de l'entrée de l'Hôpital St-Pierre), le panier à salade, l'arrestation d'Adolphe Max,le jugement et la décapitation du pauvre Keizer. Un cortège qui rassemblait tous les figurants costumés, mais aussi des enfants et des gens du quartier qui le suivaient dans son périple, parcourut les rues du coin. Nous devons les cartes postales originales qui illustrent ce dossier à l'amabilité de François Samin (n° 1,2,3,5,7) et de Nicky Luppens (n° 4 et 8) qui nous ont accordé l'autorisation de les reproduire. Nous les en remercions de tout coeur.

 1-01 Bruxelles_Marolle_Juillet_1919_La_Croix_Rouge 1-02 Bruxelles_Marolle_Juillet_1919_Les_déportés_civils 1-03 Bruxelles_Marolle_Entrée_de_la_Kommandatuur 1-04 Bruxelles_Marolle_Arrestation_bourgmestre_Adolphe_Max 1-05 Bruxelles_Marolle_Le_panier_à_salade 1-07 Bruxelles_Marolle_La_condamnation_à_mort 1-08 Bruxelles_Marolle_Le_tribunal 1-faire part_de_lenterrement_du_citoyen_Guillaume_II 

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