Chronique 1914-1918 : « 1914 Illustré » : analyse du n° 2 de la revue

Dans son n° 2 d’août 1914, la revue poursuit sur sa lancée en célébrant le patriotisme ambiant qui régnait en ce début de mois : nous le constatons par sacouverture qui nous livre le portrait de l’héroïque général Gérard Mathieu Leman (1851-1920) qui commandait les forts de Liège qui résistèrent à l’attaque allemande jusqu’au 16 août 1914. Après avoir été blessé dans l’explosion du fort de Loncin, il fut fait prisonnier, puis évacué pour raison médicale vers la Suisse en 1917. Quant au contenu proprement dit de l’hebdomadaire, il nous offre d’abord des photos de prisonniers allemands, ensuite des photos de nos troupes (artillerie, mitrailleuses, infanterie, carabiniers, le roi Albert Ier en sentinelle attentive), mais ne nous livre aucune image de combats. Les trois dernières pages sont consacrées à la « Croix Rouge- L’ambulance de la rue Linnée », voulant ainsi montrer, comme le dit le texte qui accompagne l’article, « que nos populations civiles ont su élever leur âme compatissante au niveau de l’héroïsme de nos soldats ».

Il faut savoir que rien n’était prévu pour faire face aux difficultés d’ordre médical et sanitaire que la guerre provoquera. Valérie Piette et David Guilardian écrivent dans l’article « Ne tirez pas sur les ambulances ! » paru dans Les Cahiers de la Fonderie n°32, Bruxelles en 14-18, la guerre au quotidien, juillet 2005, p. 6 : « Le service de santé de l’armée belge en est encore à ses balbutiements et la Croix Rouge est dépourvue face à l’ampleur de la situation. La vague de patriotisme qui succède à l’ultimatum allemand ne doit pas occulter la panique et l’impréparation des services médicaux. La pénurie est totale. On manque de tout : personnel médical, personnel infirmier, pharmacie, matériel, pansements… ». La Croix Rouge fait appel à des volontaires et des ambulances sont créées dans des écoles, des couvents, des grands magasins, des hôtels et des demeures privées. Plus d’une centaine d’ambulances verront le jour en région bruxelloise. Le nombre de lits des hôpitaux Saint-Jean et Saint-Pierre est augmenté. Il y aura même profusion d’ambulances et certaines ne verront jamais un blessé. Des milliers de volontaires se présentent qu’il faut former et gérer. Le 4 août 1914, le docteur Antoine Depage se voit confier par la reine Elisabeth l’organisation hospitalière normalement dévolue à la Croix Rouge, mais qui est complètement dépassée. La Reine mettra de son côté le Palais Royal de Bruxelles à la disposition des blessés. Le docteur Depage en prendra la direction : il sera épaulé par son épouse, l’infirmière Marie Depage-Picard. Rappelons que le docteur Depage (1862-1920), brillant chirurgien, créa en 1907 l’école d’infirmières diplômées laïques qui sera dirigée par Edith Cavell. Avec l’appui inconditionnel de la reine Elisabeth, il organisera en 1914 l’hôpital de l’Océan à la Panne et bousculera ainsi les certitudes des responsables du service de santé de l’armée. Son épouse périra le 7 mai 1915 dans le torpillage par un sous-marin allemand du « Lusitania ». Lorsque les Allemands entreront dans Bruxelles le 20 août 1914, ils n’accepteront que l’existence de 5 établissements : l’hôpital militaire de l’avenue de la Couronne, l’hôpital Saint-Pierre, l’hôpital Saint-Jean au Botanique, l’institut Sainte-Elisabeth à Uccle et l’ambulance du Palais Royal qui fermera ses portes en février 1919.

Jean Heyblom

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