Echevins et conseillers communaux dans les noms de rues de Bruxelles-Ville (1)

Nous avons choisi de vous informer sur un thème qui s’intéresse à des personnes qui, dans le cadre de l’histoire communale, se retrouvent au second plan et sont par conséquent moins connues que les bourgmestres, mais dont le nom se retrouve dans l’espace public.

Buste Ernest Allard Hôtel de VilleAllard (Ernest) rue : Joseph Gustave Ernest Allard est né à Bruxelles le 2 avril 1840 ; diplômé docteur en droit (ULB 1862), il entre au Barreau de Bruxelles comme stagiaire de son père pour devenir avocat ; engagé dans l’Association libérale de Bruxelles, Allard devient conseiller communal de Bruxelles de 1871 à 1878 et député pour l’arrondissement de Bruxelles du 25 avril 1876 jusqu’à son décès. Signalons qu’Allard est dès 1872 à l’origine des premiers cours d’éducation physique dans le réseau scolaire public communal. En 1877, après la mort de Jean-Michel Funck, il est désigné comme échevin ad intérim de l’Instruction publique et le restera jusqu’en 1878. Il s’investit aussi dans le Mont de Piété, dans La Ligue de l’Enseignement et dans l’Université libre de Bruxelles comme administrateur ainsi que dans le développement du réseau scolaire de la Ville (notamment l’Ecole Modèle). Auteur de l’ouvrage L’État et L’Église, leur passé, leur existence et leur avenir en Belgique (1872) dans lequel il énumère les privilèges conservés par le clergé au XIXe siècle, il y revendique comme citoyen laïque l’intégralité des droits de l’Etat vis-à-vis de l’Eglise et défend comme remède à cette situation une séparation nette entre l’Etat et l’Eglise. Ernest Allard a été initié à la loge maçonnique « Les Vrais Amis de l’Union et du Progrès Réunis » le 15 février 1868 et y exercera le Vénéralat de 1875 à 1878. Il décède à Bruxelles le 7 août 1878 à l’âge de 38 ans. Selon Jean d’Osta, il serait sans doute devenu bourgmestre à la place de Charles Buls, s’il n’était pas mort si jeune. Une rue qui part depuis la place du Grand Sablon vers la place Poelaert, aménagée entre 1884 et 1888, porte son nom depuis la fin du XIXe siècle.

Références principales : Dictionnaire de l’Histoire de Bruxelles (dir. S. Jaumain), Editions Prosopon, Bruxelles, 2013, p.30 ; Albert Vander Linden, Biographie Nationale de Belgique, t.XXIX (col. 55-56); L.J. Peelaert, La représentation maçonnique dans les noms de rues de Bruxelles,1982, p.12-13.

Illustration : buste (1876) d’Ernest Allard par Paul De Vigne (1841-1901) visible à l’Hôtel de Ville, Cabinet des États de Brabant © patrimoine.brussels-crédits

Jean Heyblom historien et AESS                                                   

Manneken-Pis : soins, amour et fantaisie

IMG 0001Cette carte postale humoristique prend mieux son sens avec son texte en anglais  « Beauty Parlor in open air » (trad. : Salon de Beauté en plein air). Elle traduit bien l’idée de zwanze qui anime notre petit bonhomme qui se moque de cette miss qui recherche l’apparence extérieure au nom de la  Beauté. Cette notion complexe bien des jeunes femmes qui ne répondent pas aux « normes » et les pousse vers des dérives comme des opérations esthétiques totalement inutiles ou pour certaines vers l’anorexie. Les concours de Miss sont la partie émergeante de cette futile course vers une Beauté normée. Ils ne renforcent en rien l’image de la femme en entretenant notamment l’idée de la femme objet auprès d’une catégorie d’hommes. Faut-il rappeler que seules comptent la Beauté de l’esprit , les qualités humaines et l’empathie avec autrui,  la belle apparence est un leurre trop souvent entretenu dans certains médias. Bravo au Manneken pour ce message !

Jean Heyblom historien et AESS

Dormir à la corde : réalité ou affabulation ?

Daumier« Ceci n’existe qu’aux Marolles : le « café-logement ». Le plus connu de ces cabarets-dortoirs est « le Bossu » ‘Bij den Boelt', mais il en subsiste quelques autres… On peut y dormir jour et nuit, tant dans le café même (5F la nuit, la tête sur la table, avec défense de s’allonger sur les bancs) ou dans le dortoir de derrière (10 ou 15 F). Jadis, on dormait « à la corde » assis sur un banc, penché en avant sur une corde horizontale passant sous les bras. À 7 h., le patron détendait la corde pour éveiller tout le monde à la fois. »
Cet extrait de l’ouvrage Les Marolles, Bruxelles inconnu, un album de Klaus Besser, photos Günter Schubert, Pierre de Méyère éditeur, Bruxelles-Paris, 1967, texte de Jean d’Osta commente la photo de la vitrine de ce café-logement situé 134 rue Haute.
Cette fameuse corde pour dormir, que l’on lâchait le matin, a-t-elle existé ? J’en ai discuté plusieurs fois avec mon petit-cousin Nicolas Luppens (dit Nicky) [nos grands-mères respectives étaient sœurs]. Il s’est intéressé au sujet car le patron de l’établissement qui était réellement bossu (d’où le nom du café) s’appelait Joseph Tiscal (1867-1919) époux de Pétronille Hoenaerts (1861-1929). Ils étaient les arrières grands-parents maternels de Nicky. Ce dernier a consacré deux articles sur «dormir à la corde » (voir Pavé dans les Marolles n°2 et surtout le n°3 consultables sur internet). Dans le n°3, il cite un passage de l’ouvrage de Pol Postal, Estaminets des Marolles , édité en 1986 par le Cercle d’Histoire et d’Archéologie « Les Marolles » : « Au sujet du « Bossu », on parle assez souvent de la célèbre corde pour dormir et que le baes (patron) lâchait chaque matin pour réveiller brutalement les dormeurs. Certains, comme le peintre Roel d’Haese s’en souviennent fort bien, mais les Marolliens, qui ont dormi dans ces maisons, affirment que cette corde n’est qu’une fable. On dormait sur les tables, mais pas la tête sur une corde tendue comme oreiller !... ». Nicky cite également un passage de « Kazak », un livre de Jean Drève (1891-1965) paru en 1936 : « … et en face on dormait alors sur la corde pour 5 centimes. --Sur la corde ? – Oui, sur la corde. Il y avait dans la cave une corde tendue sur laquelle on s’appuyait pour dormir debout. Au matin, le patron décrochait un des bouts de la corde et tous les dormeurs roulaient par terre en tas… Mais je vous parle de l’ancien temps : ça n’existe plus ».
Nous sommes ici dans un de ces cas bien compliqués où la mémoire des uns s’oppose à l’opinion des autres. Aucun témoin direct ou preuve iconographique ne vient faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Lorsqu’on fait une recherche sur internet, on peut voir des illustrations non sourcées avec des pauvres types affalés sur des tables, mais comme l’écrit Nicky, « pas de trace de corde ». Nous les écartons d’office en bonne critique historique.
Pourtant le phénomène « dormir à la corde » a bien existé à Paris : on peut trouver cette expression dans le journal « Le Charivari » du 21/08/1853 et le Dictionnaire d’argot fin de siècle (1894) du lexicographe Charles Virmaître à la page 93 nous rapporte qu’il existait rue des Trois-Bornes [Paris 11eme arrondissement] un bouge où dans une unique salle était tendue une grosse corde terminée par deux forts anneaux qui la fixaient à chaque extrémité. Les clients, la plupart des vagabonds, payaient trois sous ce qui leur donnaient le droit de s’accroupir les bras sur la corde et de dormir. A cinq heures du matin, le patron du bouge sonnait le réveil en tapant avec un morceau de fer sur une vieille casserole ; si les dormeurs ne se levaient pas, alors le patron décrochait la corde et ils tombaient sur les dalles. Sur le plan iconographique, Honoré Daumier (1808-1879), le célèbre caricaturiste, nous donne une gravure sur bois intitulée « Dormeurs à la corde deux sous la nuit » (1852) voir illustration. Si l’existence de cette manière de procéder est attestée à Paris, elle pourrait dans des circonstances semblables de pauvreté avoir existé à Bruxelles, mais aucune preuve certaine ne l’atteste. Un jour peut-être une source totalement fiable viendra apporter un éclairage définitif à la question.

Jean Heyblom licencié en Histoire, AESS

 Manneken-Pis et les Sept Nains

Manneken Pis et les 7 nainsCette carte postale issue de ma collection représente le Manneken-Pis et deux des Sept Nains, les compagnons de Blanche-Neige : on y distingue Simplet habillé de gris qui se soulage la vessie en rue et se fait interpeler par Grincheux (?) habillé lui en rouge : Oh ! toi espèce de cochon ! Si maintenant Blanche Neige te voyait !. 

Cette carte postale, éditée par Roberty rue des Palais 123 à Bruxelles, fait explicitement référence au long métrage d’animation Blanche Neige et les Sept Nains, le premier et célébrissime chef d’œuvre des studios Walt Disney sorti le 21/12/1937 aux USA (titre original Snow White and the Seven Dwarfs) et en Belgique le 26 mai 1938. Walt Disney et son équipe, rappelons-le, s’étaient inspiré de Blanche-Neige, un des contes recueillis en 1812 par les frères Jacob Grimm ( 1785-1863) et Wilhelm Grimm (1786-1853). Ce film peut être considéré comme un des plus importants de l’histoire du cinéma.

Petit souvenir personnel : nos institutrices et instituteurs de l’école primaire n° 9 de la rue Eloy à Anderlecht où j’ai effectué mes études primaires de la première à la cinquième entre 1949 et 1954, avaient organisé pour la fête de fin d’année, de je ne sais plus quelle année exactement, un spectacle avec chants et danses reprenant en partie le conte. La représentation avait été donnée sur une scène dressée à l’école Marius Renard qui, pour l’occasion, avait collaboré pour fournir les rôles féminins, car l’enseignement n’était pas encore mixte à l’époque. Pour ma part, j’avais celui du nain Atchoum et mes copains de classe figuraient Dormeur, Grincheux, Joyeux, Prof, Simplet, Timide ainsi que le Prince.. Cinema Ambassador 1931 1989 extrait de cinéma 60 70.be

Enfin pour terminer avec un brin de nostalgie sur le Bruxelles disparu, rappelons aussi que le cinéma Ambassador situé rue Auguste Orts (actuellement une salle de l’Hôtel Marriott) sous l’étiquette Ambassador Disney Ciné a fait la joie de nombreuses familles en diffusant uniquement la série des grands films sortis des studios Disney de 1977 à 1989. Sur les mêmes lieux que cette salle de cinéma s’étaient succédé le Théâtre de la Bourse, L’Olympia-Bourse, l’Olympia qui vit la création de la célèbre pièce Le Mariage de Mademoiselle Beulemans (1909) de Franz Fonson et Ferdinand Wicheler.

Jean Heyblom historien AESS 

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