Sous le titre « Hier et demain L’Union fait la force », le numéro trois de la revue montre en couverture le prince Léopold, duc de Brabant et son frère le prince Charles, comte de Flandre circulant sur les boulevards de Bruxelles pendant la mobilisation. Les pages suivantes sous le titre général de « Jours de deuil et d’épreuve- L’occupation allemande » sont consacrées en photos à l’entrée des Allemands dans Bruxelles le 20 août 1914. Un commentaire neutre et lapidaire accompagne les illustrations : il appelle surtout au calme, évoquant ainsi les prescriptions de l’autorité communale incarnée par le bourgmestre Adolphe Max. Le texte précise que « les corps d’armée qui ont traversé Bruxelles n’avaient pas combattu. Ils avaient pénétré sur notre territoire par la trouée faite par leurs devanciers, qui sont restés en contact avec nos troupes à Liège, à Malines, à Diest, à Louvain, etc. Les envahisseurs ont emprunté plusieurs de nos grandes artères pour gagner le plateau de Koekelberg d’où une partie s’est portée vers Ninove par Anderlecht, l’autre partie se dirigeant vers Grimbergen, Meysse. ».
L’installation de l’état-major allemand dans des bâtiments publics est rapportée ainsi que l’établissement des troupes au Parc de Bruxelles sous la date du 28 août. Une phrase de commentaire sous une photo nous interpelle : « Bruxelles a été envahie hier par la population de Louvain que les Allemands ont fait évacuer complètement ». Aucune référence n’est donnée au fait que la ville de Louvain vient d’être mise à feu et à sang depuis le 25 août au soir : elle brûlera pendant trois jours et trois nuits. La revue n’en souffle mot dans ce numéro. Elle n’en parlera pas plus par la suite, même lorsqu’elle montre des photos des ruines de Louvain comme nous le verrons dans le numéro quatre qui vous sera présenté dans la suite. La censure allemande sur la presse joue déjà son rôle et la revue qualifiée du « moindre mal » (voir le commentaire de Jean d’ Osta à ce sujet dans la Chronique n° 1) s’en arrange en adoptant une attitude neutre qui la poussera à proposer des articles sur des sujets variés et divers, mais dont le contenu ne peut en rien susciter l’intervention de la censure de l’autorité allemande. Elle consacre dans ce numéro sa dernière page sous le titre « Notre Hôtel de Ville pendant l’occupation » à Adolphe Max. Sans doute que l’appel au calme renouvelé qu’elle comporte convient à l’autorité allemande.
Jean Heyblom