Janson Paul (rue) : Brillant avocat doué d’un remarquable talent oratoire, homme politique libéral, Paul Janson est né à Herstal le 11 avril 1840 dans une famille bourgeoise au statut précaire qui s’installe définitivement à Bruxelles en 1850.
Après des études secondaires à l’Athénée de Bruxelles, il entre comme étudiant boursier à l’ULB en octobre 1856 où il décroche le titre de Docteur en philosophie et lettres le 5 avril 1859 ; il poursuit aussitôt des études de droit et obtient en 1862 le titre de Docteur en droit avec la plus grande distinction. Le 6 août de la même année, il devient avocat stagiaire au barreau de Bruxelles et sera inscrit le 28 juillet 1866 au tableau de l’Ordre.
Avocat vedette plaidant dans des procès médiatiques (1864 procès De Buck pour une captation d’héritage par les Jésuites, 1868 procès du journal satirique Le Grelot pour offense à un souverain étranger,1868 procès de la fusillade de l’Epine à Montignies-sur-Sambre, 1869 procès Bachelery, un Français accusé de délit de presse, 1870 procès Armand Mandel dans l’affaire Langrand-Dumonceau, 1889 procès dit du « Grand complot » où il dénonce l’intervention provocatrice d’un agitateur rémunéré par la Sureté de l’Etat), il est nommé bâtonnier de l’Ordre des avocats en 1878 et président de l’Association des avocats de Belgique en 1901.
Malgré ses succès dans le domaine judiciaire, Janson va se lancer dans celui de la politique en collaborant notamment dès mai 1861 à La Tribune du Peuple, un hebdomadaire socialiste, en compagnie de César De Paepe et d’Hector Denis. Il fonde en mars 1865 un hebdomadaire libéral progressiste La Liberté, collabore au Libre examen, journal rationaliste fondé en 1864 et à la libérale La Revue trimestrielle fondée en 1854.
Janson débute son combat politique au sein du Meeting Libéral, une société électorale fondée en mai 1863 à Bruxelles par les milieux libéraux progressistes en opposition aux libéraux doctrinaires. Il se distingue par son engagement en faveur de l’amélioration du sort des classes laborieuses défavorisées et se dit « républicain socialiste ». Cet engagement qui ne sera jamais démenti l’amène à fréquenter diverses organisations proches des milieux socialistes comme la Ligue Républicaine, l’Association Internationale des travailleurs ou encore la Ligue du peuple en faveur du suffrage universel. Il serait sans doute devenu une figure importante du mouvement socialiste s’il n’avait été aussi viscéralement opposé au concept de la lutte des classes.
Le 5 août 1871, il épouse Anne Augustine Amoré. De cette union naîtront a) Paul-Emile Janson (1872-1944), député, ministre et Premier ministre libéral, mort en déportation à Buchenwald et dont le grand auditorium de l’ULB porte le nom, b) cinq filles dont Marie Spaak-Janson (1873-1960) qui épousera Paul Spaak (1871-1936). Elle est la première femme à siéger au Sénat en 1921 (cooptée par le POB) et la mère de Paul-Henri Spaak (1899-1972), député, ministre et Premier ministre socialiste, secrétaire général de l’OTAN de 1957 à 1961. Rappelons que Paul-Henri Spaak eut une fille Antoine Spaak (1928-2020) qui sera députée et la première femme présidente d’un parti politique, le Front démocratique francophone (FDF).
Quant à Paul Janson, son ascension politique se poursuit avec succès et il est élu membre de la Chambre des représentants pour Bruxelles le 8 mai 1877 et, à part une éclipse de cinq ans, le restera jusqu’à sa mort.Il est initié à la loge les Vrais Amis de l’Union et du Progrès réunis le 2 février 1878. La même année, il esquisse les grands points de son programme politique à la Chambre : anticléricalisme, instruction obligatoire gratuite et laïque, suffrage aux sachant lire et écrire, service militaire personnel. Janson donne une impulsion plus sociale au parti libéral et devient le chef de cette tendance. Par ses prises de position, il sera l’éternel adversaire de Frère-Orban qui incarne pour lui la figure de proue des libéraux doctrinaires. A partir du 30 novembre 1881, il assume la présidence de l’Association libérale de Bruxelles et continue par ailleurs de s’investir dans la campagne en faveur de la réforme électorale.
Jean Heyblom historien et AESS
(Suite du texte le mois prochain)