La zwanze est une blague, une mystification. Un zwanzeur roule diaboliquement ses victimes dans la farine, avec un sérieux pontifical. Il est le dernier à avoir le droit de rire des âneries qu’il raconte.
Le mot dérive de l’allemand Schwanz, qui signifie : queue et par extension, le membre viril. Son homonyme bruxellois est zwans, qui a donné naissance au mot français zwanze qui figure dans le Larousse et le Petit Robert, l’un et l’autre avec deux « z ».
Phénomène psychologique étrange que celui d’évoquer les organes génitaux pour désigner des sottises, des couillonnades, des klûteraa… À Bruxelles, on dit d’un imbécile qu’il est une « clet », mot qui désigne aussi le pénis. D’un crétin qualifié on dit élégamment qu’il est « un sale con ». Je n’ai jamais compris pourquoi cet endroit sacré par où nous sommes tous passés pour venir au monde, est devenu une insulte.
En outre, le très british humour, qui provient évidemment du mot français (bonne) humeur et la zwanze ont ceci de particulier qu’ils représentent la réalité de manière à en dégager les aspects insolites et plaisants. Ceci explique pourquoi, chez nous, on dit d’un zwanzeur : ‘t es ne plezante.
Un exemple ? C’est avant la suppression des octrois aux limites de Bruxelles – octroi signifiant taxes ! – que se passe l’anecdote authentique suivante : un vaartkapoen (un capon du canal, à Molenbeek) fait le pari avec quelques acolytes, de franchir l’octroi avec une douzaine de boestringen (harengs saurs), sans acquitter aucune taxe. Pari tenu ! Tous attendent que le gaillard se dirige vers la barrière… Mais non, il s’assied calmement et aligne soigneusement ses saurets sur un journal. Sous le regard d’abord ahuri puis amusé de ses copains, l’homme attaque le premier hareng à belles dents, puis un second, puis un troisième…La foule des badauds s’accroît. Le douzième est péniblement avalé sous les applaudissements frénétiques du public. Alors le bougre se lève et, tenant à la main son journal crasseux et odorant, passe l’octroi suivi de ses comparses pliés de rire. La farce était bonne et tous, dupeur et dupés, s’en furent vider l’enjeu du pari : une bonne bouteille de genièvre !
Un petit dernier pour la route ?
Une scène de rue oppose deux passants. À la fenêtre du deuxième étage, les bras posés sur un petit coussin, une femme leur crie d’arrêter de se battre mais elle s’entend dire : « occupe-toi de tes casseroles ». Offusquée, elle descend ; elle apparaît imposante (Zuu ‘n twie dikke tette !). Elle assomme celui qui l’a insulté, d’un violent coup de tête. Le malheureux … : ‘t ès al 25 joêr dat ‘m in d’isolés leit, èn eï es nog ni geneize ! Récemment, il a voulu s’acheter un chapeau : ei eit moote ne devis moêke !
Et si ça c’est pas une zwanze, alors moi je sais pas quoi c’ qu’y te faut, hein pei !