L’histoire du parc Léopold, de son Jardin zoologique (19e siècle) et de sa reconversion en cité scientifique (20e siècle) a été détaillé dans l’article de Claire Debever intitulé « Le Parc Léopold : un jardin construit », paru dans la revue de n°143 de mars 2019.
François Samin, Membre fondateur d’honneur bien connu de nos lecteurs, nous livre ici quelques précisions « notariales » concernant les transferts de terrain.
À Bruxelles, nous devons considérer la création du « Quartier Léopold » comme un témoin des transformations qui changent le visage de la ville après l'indépendance de la Belgique, lorsqu'un échantillon de personnes représentatives du monde politique et économique du pays envisage l'expansion de la ville sur le versant ouest du Maelbeek en y créant un quartier résidentiel pour la haute bourgeoisie et l'aristocratie. Ce vaste ensemble de 75 hectares se verra aménagé à partir de 1837 à l'initiative de la Société civile pour l'embellissement de la capitale de la Belgique. Sans doute afin de relancer cette grande opération immobilière en le dotant d'un espace vert, un groupe de bourgeois et de nobles fortunés envisage vers 1847 la création d'un lieu d'agrément, d'un jardin zoologique et d'une promenade mondaine.
Une société anonyme dite « Société royale de zoologie, d'horticulture et d'agrément de la Ville de Bruxelles » est fondée par arrêté royal le 30 août 1851 avec « comme objet de créer un vaste établissement qui servira de lieu de réunion et d'agrément (...) et contiendra indépendamment d'un jardin pittoresque, des salons, et d'autres locaux destinés à donner des fêtes, à réunir des collections zoologiques et horticoles, à faire des expositions des produits de la nature et de l'art, à tenir des assemblées littéraires ou scientifiques et à servir de cabinet de lecture » [1]. Le siège social de la Société est établi au quartier Léopold, faubourg de Bruxelles.
Dans ce même contexte, la même année, Jean-Jacques Dubois de Bianco, un des membres fondateurs, échange sa propriété, d'une superficie de 6 hectares, 40 ares et 85 centiares (Photo 01), contre 812 des 1.400 actions représentant les 600.000 francs-or de capital de la Société. Cette propriété tire son origine d'un fractionnement du vieux domaine seigneurial dit d'Eggevoord qui appartenait en 1769 au comte de Mérode-Westerloo avant de passer dans le portefeuille du chevalier Dubois de Bianco « Le site consiste alors en une maison de campagne, des dépendances, un jardin, des serres, un potager et plusieurs étangs » [2], le tout laissé dans un certain abandon. Vers 1856, l'architecte Alphonse Balat (1818 – 1895) transforme la maison de plaisance de Dubois de Bianco en bordure du lac, en une « villa-restaurant » (Photo 02), gérée par l'allemand Blankestein, renommée et citée dans les curiosités que devait voir un étranger séjournant à Bruxelles. Pour la petite histoire, le chevalier rencontra une fin tragique, assassiné par ses domestiques dans son hôtel de la rue Bréderode.
François Samin, documentaliste
Notes
[1] Société royale de zoologie, d'horticulture et d'agrément de la Ville de Bruxelles, arrêté royal, statuts, imp. Deltombe, Bruxelles, 1851, p.4
[2] http://www.irismonument.be/fr.Bruxelles_Extension_Est.Parc_Leopold.html