Kufferath Edouard (avenue) : Ce grand nom de la gynécologie-obstétrique belge au 19e siècle est né le 25 décembre 1853 à Saint-Josse-ten-Noode dans une famille allemande originaire de Mülheim an der Ruhr (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Son père Hubert-Ferdinand (1818-1896) s’établit à Bruxelles comme professeur de composition et de piano en 1844, puis devient professeur de contrepoint et de fugue au Conservatoire royal de Bruxelles en 1872. Son frère aîné Maurice (1852-1919), critique musical spécialiste de Wagner et journaliste, occupe le poste de directeur du Théâtre royal de la Monnaie de 1900 à 1919. Sa sœur Antonia (1857-1939) fut cantatrice. Malgré ce climat familial tourné vers la musique, après ses études secondaires au Collège Saint-Michel, Edouard Kufferath opte pour des études de médecine à l’ULB. Il les termine brillamment en 1877 et suit alors des formations complémentaires à Leipzig, Berlin, Breslau, Vienne, Paris et Londres, acquérant ainsi un bagage de connaissances médicales des plus avancées.
Il revient en Belgique en 1879 pour y présenter à 26 ans sa thèse d’agrégation de l’enseignement supérieur portant sur « Les injections intra-utérines pendant et en dehors de l’état puerpéral ». Il l’obtient avec la plus grande distinction et ce deux ans seulement après avoir reçu son diplôme de médecin. Il assume le poste de « médecin des pauvres » pendant trois ans, celui d’adjoint dans le service de médecine interne de l’Hôpital Saint-Pierre jusqu’en 1884. La même année, il devient professeur extraordinaire et rapidement professeur ordinaire à l’ULB pour le cours théorique d’accouchements ainsi que pour le cours de clinique obstétricale. Il en fut le titulaire pendant les 20 années suivantes.
En 1886, il devient chef de service à la Maternité située depuis 1877 dans 17 maisons particulières rue du Grand Hospice et rue de l’Infirmerie. Comme écrit dans la Revue Médicale de Bruxelles, 2010, vol.31 n°2 p.127, « il fut le premier en Belgique à instaurer des règles strictes d’asepsie en pratique obstétricale et à obtenir ainsi une réduction spectaculaire des mortalités maternelles et des nouveau-nés, dues à la fièvre puerpérale. Il améliora également la technique de la symphyséotomie [section du fibro-cartilage unissant les deux os du pubis] et inventa une nouvelle méthode de déclenchement de l’accouchement. Le type de forceps qu’il avait conçu et par lequel son nom resta connu, fut largement utilisé par les obstétriciens bruxellois pendant au moins six décennies avant la diffusion de la ventouse suédoise. La qualité exceptionnelle de l’enseignement de Kufferath était unanimement reconnue ».
Parrainé par l’échevin Emile Jacqmain, Edouard Kufferath avait été initié le 26 janvier 1897 à la loge Les Amis Philanthropes n° 2. En 1901, il accouche la future reine Elisabeth de son premier fils Léopold. Recteur de l’ULB de 1905 à 1906 et membre de son conseil d’administration pendant plusieurs années, il va occuper également le poste de Conseiller communal de la Ville de Bruxelles de 1895 à 1908, se plongeant plus spécifiquement dans les questions de bienfaisance et d’enseignement. Sa brillante carrière professionnelle le conduisit à de nombreuses distinctions honorifiques et sur un plan plus personnel fut admiré et respecté. Kufferath décède prématurément le 11 avril 1909 à Londres à l’âge de 55 ans d’une double pneumonie, après avoir subi une opération réussie d’un cancer de la langue. À Laeken, à proximité de l’hôpital Brugmann, une avenue porte son nom depuis 1932, elle relie l’avenue Houba de Strooper à l’avenue Rommelaere.
Bibliographie : Revue Médicale de Bruxelles, 2010, vol.31 n°2 pp.127-133 ; A. COLARD, s.v., Biographie nationale, 1967, tome 34, col.503-506. ; L.J. PEELLAERT, La représentation maçonnique dans les noms de rues de Bruxelles,1982, p.236.
Illustration : portrait de Kufferath Edouard en 1900 © Wikipédia
Jean Heyblom historien et AESS
