Le principal grief que l'on pouvait faire aux taudis occupés par la classe ouvrière, dans lesquels les habitants ne disposaient bien souvent que de quelques latrines et ne profitaient jamais de la distribution d'eau de ville, était qu'il n'était guère aisé, pour ces personnes, de faire chez soi la moindre lessive ou de prendre le moindre bain.
Ainsi le projet de l'architecte Winand-Janssens d'établir rue des Tanneurs un établissement de bains-lavoirs fut-il appuyé et salué par les autorités de la Ville. L'imposant complexe des Bains économiques de la rue du Lavoir ouvrit donc ses portes au public en 1854. Il ne fut démoli qu'en 1953.
Une cinquantaine d'années plus tard, la Ville décida de construire elle-même des bains-douches.
Malgré la lenteur des travaux pendant les années 1901-1902, l'année 1903 vit enfin l'achèvement des travaux et la mise en service d'un pavillon sur la place du Jeu de Balle. Il fut réalisé d'après le projet de l'architecte communal de l'époque Emile Hellemans, l'auteur des "Vieux Blocs".
Les briques blanches émaillées, rejointoyées à l'aide de ciment coloré et le fer constituaient les éléments essentiels du pavillon. Le soubassement était en pierres de taille et la toiture recouverte de zinc. Neuf cabines, comprenant chacune une salle de douche et un vestiaire s'ouvraient sur un grand hall central qui servait aussi de salle d'attente. Un water-closet et deux urinoirs étaient à la disposition du public, tandis qu'une lingerie accueillait le linge apporté journellement. Le porche d'entrée était séparé du hall intérieur par une porte-tambour. La charpente et les châssis étaient en fer, l'architecte ayant volontairement exclu le bois. Une installation de chauffage au gaz assurait une température intérieure de 25 ° et l'eau chaude. La distribution de l'eau était assurée de manière à ne pas gaspiller.
Si belle que soit cette réalisation, la Ville sera très vite confrontée à une série de problèmes aussi divers que ses heures d'ouverture, le temps dont disposerait le baigneur, le lessivage du linge et surtout celui de sa rentabilité devant le coût sans cesse grandissant du gaz. Année après année, le pavillon du Vieux Marché prenait de l'âge et il devenait difficile de masquer son état de vétusté. La naissance du "Bain de Bruxelles" en 1953, à la rue du Chevreuil, va signifier la mort du pavillon de "Bains-douches" de la place du Jeu de Balle en 1954.
(pour plus de détails sur le sujet voir l'article de Gustave Abeels, in Les Marolles , Revue du Cercle d'Histoire et d'archéologie Les Marolles, n°8 ,2ème année n°4, juin 1985, pp 17-22) Retour