Vous avez pu prendre connaissance dans la Chronique 14-18 n° 1 du texte écrit par † Jean d’Osta sous le titre « La presse du moindre mal » qui présentait les couvertures de cette curieuse « Revue hebdomadaire illustrée des Actualités Universelles » paraissant sous le titre « 1914 Illustré ». Cette « première publication belge imprimée d’après le procédé nouveau impression en taille douce » paraîtra entre août 1914 et mars 1918 soit 183 numéros de 8 pages photos plus un supplément littéraire de 4 pages. Cette revue présente ses deux premiers numéros dans un contexte de ferveur patriotique allant jusqu’à un nationalisme, cadrant bien avec l’atmosphère qui régnait à Bruxelles en ce début du mois d’août (vous pouvez revoir les deux couvertures de ces numéros dans la Chronique n°1).
Analysons le contenu du premier numéro : nous y trouvons d’abord des photos de la mobilisation de nos troupes, puis sous le titre « L’Effervescence Patriotique » des photos de la journée historique du mardi 4 août 1914 lorsque le roi Albert Ier se rendit au Parlement pour se présenter devant les deux Chambres réunies où seront votées les lois relatives à la guerre.
Rappelons que depuis le 29 juillet 1914 l’armée belge est mise sur « pied de paix renforcé » et que l’on a procédé au rappel des classes de miliciens des années 1910,1911 et 1912 enrôlées suivant la loi de 1909 qui établit le service personnel d’un fils par famille. La mobilisation générale sera décrétée le 31 juillet. Neuf classes de 1901 à 1909, issues du système du tirage au sort, sont alors rappelées sous les drapeaux, en outre des trois déjà convoquées.
Notre armée compte le 2 août 1914 environ 200.000 hommes dont 117.000 pour l’armée de campagne. Elle provient donc de treize classes régies par trois lois de milice différentes (celle de 1909, celle du tirage au sort et celle de 1913 qui instaure le service militaire généralisé). Dans ce climat d’élan patriotique, elle sera complétée dès le début août par 19.000 volontaires. Par la suite elle sera rejointe par 18.000 miliciens de la levée de septembre 1914 qui ne seront opérationnels qu’en 1915. Notre armée est mal équipée, mal encadrée par manque d’officiers. Des dissensions sur la stratégie à adopter existent dans l’état-major, mais le roi Albert Ier y mettra vite bon ordre. Nos alliés n’ont pas grande confiance dans la capacité de notre armée à résister à un envahisseur. Les Allemands la méprisent, la considérant comme une armée de « soldats de chocolat ». La résistance courageuse et efficace de nos troupes aidées par des contingents français et anglais dans les premières semaines de la guerre les surprendra. Cela peut expliquer en grande partie les exactions et les massacres de civils (5521 victimes entre le 5 août et le 21 octobre 1914) commis en représailles dans ce laps de temps par l’armée allemande.
Jean Heyblom