Chronique 1914-1918: « 1914 Illustré » analyse du n° 6 de la revue

La couverture de ce numéro qui est daté de septembre 1914 nous montre une vue de Dinant dévastée. Un sous-titre la commente : La bataille de Dinant. L'Eglise. Le Pont détruit par les Alliés. Le Pont construit par les Allemands. Cette phrase, anodine en apparence, induit l'idée négative de « destruction » par les Alliés » et celle positive de « construction » par les Allemands. Résultat de la censure ou volonté de la rédaction? Que ce soit l'un ou l'autre cas, le terme de « presse du moindre mal » donné par Jean d'Osta à ce magazine (voir Chronique n°1) nous semble bien justifié. Remarquons le silence du magazine sur les événements de guerre proprement dits.

 

Mais que s'est-il passé à Dinant ? La bataille de Dinant a opposé les troupes françaises (3e bataillon du 33e RI,73e RI,8e RI et 148e RI) aux 100e RI,101 RI, 103e RI,108e RI,178e RI,182e RI,12e RAC et 48e RAC de la 3e armée allemande de Von Hausen (RI = régiment d'infanterie, RAC = régiment d'artillerie de campagne) du 15 août au 23 août 1914. Une première tentative de l'envahisseur de s'emparer de la ville se situe le 15 août et a eu comme résultat qu'il s'empare de la citadelle après d'âpres combats àlafin de la matinée. En fin d'après-midi elle est reprise par les Français et les Allemands battent en retraite.Les forces alliées décident alors de se retrancher sur la rive gauche de la Meuse face à la citadelle située sur la rive droite.Dans la nuit du 21 au 22 août une nouvelle incursion allemande se produit et à cette occasion l'ennemi boute le feu à des habitations de la rue Saint-Jacques. Les troupes françaises font retraite le 22 août. Le lendemain, les Allemands en représailles sans doute à l'accueil de la population faite aux Alliés et à la résistance militaire acharnée qu'ils ont rencontrée de la part des Français fusillent 674 hommes, femmes et enfants, mettent à sac la ville et détruisent plus de mille maisons. Ils déportent aussi 400 civils. Les violences les plus graves se produisent à chaque fois que l'armée allemande est contrecarrée : retenons en dehors de Dinant parmi les exactions les plus féroces (plus de 100 victimes) celles qui se sont produites à Melen (108), Soumagne (118), Aarschot (159) Andennes/Seille (262), Tamines (383) Ethe (218) Louvain (248) et Arlon (133). Des dizaines d'autres villes ou villages furent également martyrisés, certes les victimes de ces violences se compteront dans chaque cas en moins grand nombre, mais au total de toutes ces exactions commises entre le 5 août et le 21 octobre 5521 civils furent massacrés. Signalons enfin que, lors de la bataille de Dinant, le lieutenant Charles de Gaulle fut blessé à la jambe en défendant l'accès au pont de Dinant le 15 août 1914. Une statue lui a été élevée à cet endroit le 15 août 2015.

La page 2 nous montre des photos du bombardement de Louvain », la page 3 de celui de Charleroi, mais toujours aucun mot sur les faits de guerre. Les pages 4 et 5 sont illustrées par des photos des « Autrichiens à Bruxelles. L'artillerie de forteresse ». C'est elle et le canon de 305 mm fabriqué par les usines Skoda et visible page 5 en bas qui écrasèrent les forts de la ceinture de Namur entre le 18 et le 23 août 1914, le dernier fort résista jusqu'au 25. Cette artillerie sera également utilisée contre la position fortifiée d'Anvers. La page 6 montre les dégâts de guerre à Liège et Engis sans autre explication ; la page 7 nous offre une vue de la place Saint-Pierre à Rome à l'occasion du conclave qui, après la mort de Pie X le 20 août, désigna comme nouveau pape Benoît XV le 2 septembre. Une autre photo sur la même page nous permet de voir qu' « A Bruxelles les Allemands élèvent au palais de justice des retranchements formés de sacs de sable », elle fait suite à celle que nous avons repérée dans le numéro 5 du magazine. La page 8 comporte une vue de la cathédrale de Reims : elle est commentée par un texte qui relate une courte histoire du monument, mais qui, encore une fois, ne donne aucune indication sur les événements qui se déroulent ou se sont déroulés en 1914.
La ville de Reims fut déclarée « ville ouverte » et les Allemands y entrent le 4 septembre 1914. Après la bataille de la Marne (6-12 septembre), la ville est délivrée le 13 ; les Allemands se retranchent alors dans les forts environnants. Elle est soumise à des tirs d'artillerie dès le 14, ceux-ci s'intensifient le 18 pour connaître le 19 un véritable bombardement destructeur. La cathédrale déja touchée au début de cet épisode sera alors fortement endommagée par 25 obus ; le journaliste Albert
Londres écrit : « Elle n'est plus qu'une plaie maintenant, la toiture est détruite, par la bouche des gargouilles coule le plomb fondu ». Pendant cette guerre, la « cathédrale martyre » recevra au total 288 obus dans une ville détruite à 85%.

Jean Heyblom

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