La page de couverture du n° 7 (octobre 1914) nous montre une vue de la ville de Louvain en ruines avec en gros plan son Hôtel de Ville ; comme nous l'avons déjà écrit dans l'analyse du n° 3 de cette revue et rappelé dans celle du n°4, on ne trouve toujours aucune allusion aux exactions des troupes allemandes dans cette ville. La censure allemande joue pleinement son rôle et les rédacteurs de la revue suivent sagement les injonctions de l'occupant, d'où ce qualificatif qui sera donné à cette presse : "presse embochée". Le scénario se poursuit pour les images des pages suivantes qui illustrent les destructions subies par la ville de Visé sous le titre général : "Le bombardement de Visé". Intéressons-nous à une photo de la page 7 de la même revue qui porte l'entête suivante : "Les pigeons de Bruxelles". L'autorité allemande voulait absolument empêcher par tous les moyens la diffusion de renseignements d'ordre militaire. A cette fin le gouverneur général avait enjoint aux propriétaires de pigeons de l'agglomération bruxelloise (comme dans tout le pays d'ailleurs) de se dessaisir de leurs volatiles. Ceux-ci au nombre de 75.000 pour Bruxelles furent remisés dans un hall du Cinquantenaire.
Par après, ils furent heureusement restitués à leurs propriétaires, mais avec interdiction de les lâcher. De nombreuses amendes et même des condamnations de prison frappèrent les contrevenants.
En page 8 nous avons retenu un cliché qui montre la salle du Palais d’Été en septembre 1914 occupée par les troupes allemandes. Elle se situait dans l'aile nord des halles centrales qui servait de patinoire en hiver et qui se transformait en music-hall l'été (Le Palais d’Été). Elle fut démolie en 1957 et remplacée par l'actuel Parking 58.
Le n° 8 de la revue (octobre 1914) nous présente une couverture avec le titre "Le bombardement de Namur". A l'intérieur de la revue nous trouvons des photos illustrant d'autres dégâts subis par cette ville et même une photo du pont de Dinant détruit. Mais dans ce numéro, comme précédemment, toujours aucune explication n'est fournie sur les responsables. Qui a bombardé ? silence total comme seule réponse ! Sur la page 8 de cette revue peut se voir une photo avec le titre : "Pour les Victimes de la guerre- Le vestiaire de l' Œuvre du Vêtement". Une courte notice explicative l'accompagne.
Par sa couverture, le n°9 de la revue (octobre 1914) comme par ses pages intérieures continue à nous montrer les dégâts de la guerre : ici dans la ville de Termonde, mais toujours sans aucune explication. La page 7 de la revue porte le titre "A la gare du Nord- A Bruxelles" : on peut y voir trois photos de soldats allemands (notamment des blessés) dans les locaux de la station. La dernière page de la revue a pour titre général : "Les cuisines populaires installées dans les établissements Van Gendt"; on y trouve quatre photos : "1) la préparation de la soupe, 2) un groupe de cuisiniers, 3) l'expédition de la soupe 4) l'économat et la boucherie". Elles illustrent le travail de l’Œuvre de l'Alimentation. Une courte notice explicative l'accompagne. Elle fournissait des repas à la population éprouvée de la capitale. Nous avons ainsi un aspect intéressant de la vie quotidienne à Bruxelles sous l'occupation allemande. Les établissements Van Gendt étaient installés aux n° 8-14 du boulevard du Hainaut (actuel boulevard Maurice Lemonnier) dans un immeuble (1882) de 4 étages qui comportait une rotonde. Celle-ci avait accueilli des panoramas (peintures monumentales) d'où le nom actuel donné au bâtiment : "Garage du Panorama".