Comment Bruxelles se gausse de l'activisme :
la proclamation d'une Marolle autonome et indépendante le 17 février 1918 (1ère partie)
Voici la première partie du texte de cette fameuse proclamation. Notez que les mots ou noms entre crochets droits sont des traductions ou des informations et ne font donc pas partie du texte original.
« Les 800.000 z'habitants du Grand-Bruxelles, ça est un tas de stoeffers [vantards] franskillons et de wallebake [noceurs] flamands. Nous autres, potverdoeme [nom de dieu], on est des tas de Marolliens pur sang, nés natifs de la rue aux Laines, de le Vosseplein [autre nom de la place du Jeu de Balle] et de l'impasse Perle d'Amour, et l'on sait, potvermiele [nom de mille], ce qu'on veut. Ils sont là-bas des tas de milliards d'hommes qui se battent pour l'indépendance belge. Il y a des English, des Français, des Italiens, des Portugais, des Serbes, des Monténégrins, des Américains, des Russes, des Brésiliens, des Chinois, des Japonais, des Mexicains, des Colombiens, des Indiens, des Canadiens, des Australiens, les trois quarts du monde, allez. Tous ces gens, ils ont une vis lâchée dans leur caboche ; ils sont stapelzot [timbrés]. La Belgique est une flauske [blague]! Il n'y a plus de Belgique ! ! ! René De Clercq l'a dit sur le Grand Théâtre de l'Alhambra et ce slume cadeï [ce malin gamin], il le sait bien mieux que les autres, puisqu'il a son fils studé sur l'université flamande de Gand dans un bocal. Plus de Belgique, plus rien que la Flandre zonotome, la Wallonie découpée en kip-kap et la Marolle libre et indépendante ! C'est pour ça que nous autres Marolliens on a convoqué nos compatriotes à un meitung de monstres, dans les salons de la dikke luis [le gros pou], rue Haute, et on a voté à l'ullimité moins les voix de ceux qui sont contre la résolution suivante : Deux cent quarante-sept zonnekloppers [litt. batteurs de soleil = carottiers, tireurs au flanc], tonneklinkers [litt : ceux qui renversent un tonneau = buveur de fond de tonneau], veurvechters [bagarreurs], hoogstratengasten [habitants de la rue Haute], patatesmokelaars [fraudeurs de patates] et autres gardes civiques, représentants autorisés de la population bruxelloise, avons pris le décret suivant :
Les illustrations nous montrent le canon pointé par les Allemands vers le quartier des Marolles, car ceux-ci se méfiaient particulièrement de ce quartier populaire à l'esprit frondeur et indépendant.