Ce 29 décembre 2024, notre ami Jean-Louis MUSCHS a déposé ses pinceaux.
Il fut un membre important du Cercle d’Histoire de Bruxelles auquel il a apporté une riche contribution, par 14 articles (entre 2026 et 2023), des conférences et de très belles expositions de tableaux sur des "Expressions bruxelloises". Lors de notre fête du 40e anniversaire, il nous a offert sa vision d'une œuvre peu connue de Charles de Coster, Smetse Smee (un forgeron gantois qui déclare avoir « combattu l’inquisiteur, le duc d’Albe et Philippe II »), un personnage qu'il nous a rendu vivant avec son inimitable talent de conteur.
Ses tableaux et ses écrits témoigneront encore longtemps de l'amour pour Bruxelles et les « parlers bruxellois » de ce "facétieux gamin de près de 90 ans" à l'esprit si pétillant ! Prenons pour seul exemple son désopilant « M. et Mme Stoefs à "la Muette de Portici" », une pseudo-reconstitution historique sous forme de dialogue surréaliste, que nous avons publiée dans notre revue de septembre 2016.
Par cette belle matinée du 25 août 1830 annonçant une grosse chaleur, M. Stoefs, honorable chapelier retraité lit le « Courrier des Pays-Bas » devant la fenêtre ouverte sur la Place du Marché-aux-Grains tout animée de ses échoppes de maraîchers. Mme Stoefs, aiguille aux doigts, travaille à une tapisserie représentant un caniche couché sur un coussin mauve.
- STOEFS. – Tiens ...la farine va encore une fois augmenter.
- Mme STOEFS. – Eh bien, merci ! Le bodding va devenir du luxe.
- STOEFS. – Pour l’anniversaire du roi Guillaume, on va être verobligé de faire des illuminations.
- Mme STOEFS. – À chaque fois que ce keeskop a un an de plus, y faut allumer des vekpotkes sur la fenêtre et ça fait des taches.
- STOEFS, s’épongeant le front. – Oy ! qu’il fait déjà doef! (Tournant une page) Ah ! Les programmes de la Monnaie : […] mercredi 25 août « La Muette de Portici » ...
- Mme STOEFS. – Muette ? Ça doit être une fois drolle. Comment elle fait pour chanter ?
- STOEFS. – Je crois qu’elle chante pas. Elle fait une espèce de pantomine. C’est un opéra oùsqu’on voit la révolte de Naples contre les Espagnols. […] Et je vois ici qu’il y a un très beau ballet.
- Mme STOEFS. – Naturellement ! Pour regarder les jambes des danseuses vous êtes toujours là, hein ?
- STOEFS. – Comment donc : ça est de l’Art.
- Mme STOEFS. – De l’art ? Si vous croyez que je vois pas votre nez croller quand les danseuses arrivent, haamelaake que vous êtes !
Au nom de tous les bénévoles qui se sont succédé dans notre Cercle, et en particulier de notre président honoraire Jean Heyblom, merci à toi, Jean-Louis, pour tous ces excellents moments partagés au cours de nos nombreuses et passionnantes rencontres historiques, dialectales et humaines !
Jean-Jacques DE GHEYNDT