Basse (Frédéric) (rue) : Né à Bruxelles le 25 février 1785 et mort dans la même ville le 30 juin 1848 à 63 ans. Issu d’une famille française émigrée en Westphalie à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes et venue s’installer à Bruxelles vers 1770, Basse s’illustre comme industriel dans le domaine textile en prenant à 25 ans la direction de l’importante fabrique familiale d’imprimerie de toiles, de blanchisseries et de filature de coton ; il y apporte d’importantes innovations techniques dont notamment la mécanisation grâce à des machines à vapeur. Son entreprise acquit d’ailleurs une réputation amplement reconnue. Après un premier refus de sa part en 1822, lors de la création de cette institution, il accepte en 1825 de faire partie du Conseil des directeurs de la Société Générale des Pays Bas pour favoriser l’Industrie nationale entamant ainsi une carrière d’administrateur de sociétés. En 1830, lors des journées révolutionnaires, il voit son entreprise saccagée par ses ouvriers en réaction à une mécanisation réductrice de main d’œuvre ; elle ne s’en remettra pas et Basse ferme sa manufacture en 1835. Il se lance alors dès 1829 dans le secteur de l’industrie charbonnière en devenant co-propriétaire de la mine de Monceau-Fontaine. Dans le cadre du Conseil des Directeurs de la Société Générale, il sera chargé en 1831 des négociations sur la création du canal reliant la Sambre française à l’Oise (1834-1839) donnant ainsi au bassin de Charleroi une liaison directe jusqu’à la région parisienne ; Basse avait des motifs personnels dans cette réalisation, car la prospérité de la mine de Monceau-Fontaine reposait en grande partie sur cette nouvelle voie de communication. Mais dans cette industrie charbonnière il essuie un échec financier retentissant dû à la crise de 1838 et accumule les dettes ; il se montrera incapable de rembourser la Société Générale, sa principale prêteuse ; il démissionnera du conseil de direction de celle-ci en mai 1848 après 23 ans à ce poste ; il avait également perdu son épouse Eulalie Delatour en janvier ; tout cela le poussera finalement au suicide le 30 juin 1848. Parallèlement, il s’était aussi investi dans la politique : c’est ainsi qu’il siège au Conseil de Régence (= le Conseil communal actuel) de Bruxelles de 1817 à 1830 et sera membre des États provinciaux du Brabant de 1822 à 1848. En 1834 il est élu député libéral pour l’arrondissement de Bruxelles, mais démissionne immédiatement. Il fait partie en 1835 du Consistoire de l’Église protestante de Bruxelles Ce franc-maçon actif au sein de la loge « Les Amis Philanthropes » compte parmi les membres fondateurs de l’ULB en 1834. La rue qui porte son nom depuis 1839 et qui assure la liaison entre l’av. de Stalingrad et la r. Terre-Neuve tire son origine avec trois autres (r. de la Fontaine, r. Sallaert et r. Schavaye (absorbée en 1869 par l’actuelle av. de Stalingrad) du lotissement des terrains sur lesquels s’étendait son usine.
Références principales : Dictionnaire de l’Histoire de Bruxelles (dir. S. Jaumain), Editions Prosopon, Bruxelles, 2013, p.72 ; L.Gachard, Biographie Nationale de Belgique, t. I ,1866, col.744-746 ; L.J. Peelaert, La représentation maçonnique dans les noms de rues de Bruxelles,1982, p.26. P. Scholiers-Vanden Eeckhout, Een vertegenwoordiger van het opkomend industriekapitalisme: Frédéric Basse, van katoendrukker tot beheerder van N.V.’s, in BTNG-RBHC, 07,1976,3-4, pp. 473-491 (consultable sur internet)
Illustration : Détail du plan de la Ville de Bruxelles de Willem B. Craan de 1836-1837 : on y distingue la rue Terre-Neuve et son tracé rectiligne ainsi que la Senne qui serpente ; entre les deux les terrains des installations de l’imprimerie d’indiennes de Mr Basse.
Jean Heyblom historien et AESS