Quelques réflexions à partir de l'incendie de Notre-Dame de Paris

Il est vrai que la perte d'une bonne partie de l'édifice et de certaines œuvres  qu'elle abritait est une catastrophe pour le patrimoine que représente cette cathédrale. Elle nous frappe d'autant plus que sa silhouette dans le paysage parisien nous est proche et presque familière. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que d'autres lieux ont connu des sorts semblables et que des chefs d'œuvres de l'humanité sont menacés  partout dans le monde par des guerres  (voir les destructions dues aux talibans ou à Daech). Il ne faut pas nécessairement aller loin pour trouver d'autres exemples d'un patrimoine architectural cédant lui sa place à des intérêts financiers. N'oublions pas que depuis 1950 environ 40 % des habitations réalisées par Victor Horta entre 1885 et 1947 ont tout simplement disparu. Des menaces pèsent et ont pesées régulièrement  sur des maisons Art Nouveau même classées, donc protégées. Il faut donc en permanence veiller  au respect du patrimoine en se donnant les moyens de le protéger et rester attentif à tout ce qui pourrait le menacer. 

 

L'exemple de la récolte de fonds, sorte de nouveau téléthon, pour restaurer Notre-Dame de Paris amène à se poser la question la suivante : faut-il une catastrophe pour que ces riches entreprises se bougent pour préserver  leur patrimoine national ? Elles font tout pour échapper à l'impôt en cherchant les combinaisons les plus rentables pour elles. N'ont-elles pas une sorte de devoir moral de contribuer au budget national ? En surfant sur l'émotion du moment provoquée par l'incendie, elles montrent bien leur vrai visage d'opportunistes cherchant encore à profiter d'une rentable réduction fiscale.  En luttant contre l'évasion des capitaux  (même légale) vers des paradis fiscaux et en mettant tous les Etats sur le même pied, l'Europe devrait promouvoir un mécénat culturel en faveur du patrimoine. Il ne faudrait évidemment pas une Commission européenne dirigée par un ex-responsable d'un paradis fiscal. Certes, me direz-vous, le patrimoine ne doit  pas être nécessairement la priorité dans les dépenses publiques, il faut combattre la pauvreté, l'exclusion. La lutte contre l'évasion fiscale peut rapporter gros et les budgets rééquilibrés en fonction de cette donnée. On peut toujours rêver non !!

 

 

Jean Heyblom historien et président du CHB

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