Echevins et conseillers communaux dans les noms de rues de Bruxelles-Ville (6)

IMG 0001Dansaert Antoine (rue) : Homme d’affaires, banquier, homme politique libéral, Antoine Charles Jacques Dansaert est né à Bruxelles le 22 novembre 1818 de Ferdinand François Dansaert, capitaine, propriétaire de navire, marchand et d'Elisabeth Jeanne Hoorickx, tous deux natifs de Bruxelles, et domiciliés Quai-au-Sel (c’est actuellement le côté occidental de la place Sainte Catherine entre la rue de Flandre et le Quai aux Briques).
Entré d'abord dans l'armée en qualité de chasseur à cheval de l'artillerie légère, une vilaine chute de cheval l’oblige à réorienter sa carrière. On le retrouve alors en 1853 dans le commerce comme marchand, branche dans laquelle en très habile homme d’affaires, issu d’une famille d’armateurs portuaires de la Ville, il connaît une brillante réussite dans l’exportation de produits belges vers Saint-Pétersbourg et Buenos Aires.
Il épouse le 28 février 1853 à Saint-Pétersbourg Alexandrine Jahn ou Jalin, âgée de 19 ans, de religion luthérienne, fille de Dieudonné Jalin et de Sophie Jahn. En 1862, il devient juge au Tribunal de Commerce de Bruxelles qu’il présidera de 1867 à 1873. Il s’y illustre comme spécialiste du droit des faillites. Il est Initié le 18 juin 1864 à la loge les Vrais Amis de l’Union et du Progrès réunis. Membre de l’Association libérale de Bruxelles, il est élu député de Bruxelles aux élections du 2 août 1870 et continuera à l’être jusqu’en 1884. IL est Consul général du Paraguay de 1871 à 1877. Sociétaire, puis président en 1876 de l’Union du Crédit dont le siège se situait au 57 rue Montagne-aux-Herbes-Potagères, il redresse la situation de cet organisme après la menace de krach financier de celui-ci en 1875/1876. Il est également président de la Commission de surveillance de la Caisse d’amortissement et de la Caisse des Dépôts et Consignations de 1874 à1890. Il fonde et préside le 15 octobre 1875 l’Union syndicale de Bruxelles, association patronale qui reprend en sous titre le nom de Chambre de commerce et qui comble le vide créé par la loi du 11 juin 1875 supprimant les Chambres de commerce officielles.
Nous le retrouvons comme président d’honneur du Cercle des installations maritimes de Bruxelles en 1881. Il fit la promotion des installations maritimes bruxelloises dans son ouvrage Bruxelles et ses installations maritimes paru en 1886.
Il fut Officier de l'Ordre de Léopold et de la Légion d'honneur. Antoine Dansaert s’éteignit le 22 août 1890 à l’âge de 71 ans et fut inhumé au cimetière de Bruxelles à Evere.
Par arrêté en date du 21 novembre 1890, le collège des Bourgmestre et Echevins, agissant en exécution de la résolution du Conseil communal en date du 10 dudit mois a donné la dénomination de rue Antoine Dansaert à la nouvelle voie publique formant le prolongement de la rue Auguste Orts, rencontrant ainsi la demande de l’Union syndicale -association pour la défense des intérêts du commerce et de l’industrie-, pour « grands services rendus au commerce et à l’industrie » comme le déclara le bourgmestre Charles Buls. Cette dénomination sera étendue par la suite aux extensions de ce premier tronçon.

Références principales : Mes plus vifs remerciements au professeur honoraire de l’ULB Yvon Leblicq pour les renseignements qui ont permis d’établir que Dansaert ne fut jamais conseiller communal de la Ville comme indiqué dans la plupart des sources ; L’Indépendance Belge du 24 août 1890 n°297 Ed.1 ; https://www.liberas.eu/de-naamgever-van-de-brusselse-dansaertstraat/

Illustration : DUBREUCQ, Jacques, Bruxelles 1000 une histoire capitale, vol.7, Bruxelles, édité à compte d’auteur, p.123

Jean Heyblom historien et AESS

Echevins et conseillers communaux dans les noms de rues de Bruxelles-Ville (5)

Auguste Blaes jeuneBlaes (Michel-Auguste) rue : Journaliste, homme politique de tendance libérale et échevin. 
Né à Bruxelles en 1809, après ses humanités à l’Athénée de Bruxelles, il entame à l’Université de Liège des études de droit qu’il termine en 1830. Il ne se lance pourtant pas dans la carrière d’avocat, mais se tourne vers celle de journaliste. Il collabore alors au Courrier belge, quotidien libéral. et en 1835 participe à la fondation du journal L’observateur dont il sera le rédacteur en chef.
Michel-Auguste Blaes se lance dans la politique, devient conseiller communal de Bruxelles en octobre 1845. Réélu en 1848 et en 1851, il exercera depuis octobre 1848 sous le mayorat de Charles de Brouckère (30 septembre 1848-20 avril 1860) les fonctions d’Échevin des Travaux publics jusqu’à sa mort. Dans cette fonction, son nom apparaît notamment dans des mesures concernant la distribution d’eau potable dans les habitations et dans l’obligation pour les propriétaires d‘établir des trottoirs dans les principales rues.
C’est également pendant son échevinat que fut entrepris l’assainissement du quartier le plus populeux de Bruxelles par l’ouverture d’une grande voie de communication qui prendra son nom. En effet, après son décès, le Collège du Bourgmestre et Échevins lui rend hommage en donnant son nom le 2 juillet 1857 à la rue ouverte entre la place de la Chapelle et le boulevard du Midi. En projet dès 1853, sa réalisation fut adoptée le 22 juillet 1854 et suivie d’expropriations qui seront terminées en 1856 ; cette artère, ouverte à la circulation en 1858, fut tracée afin d’assainir ce quartier avec ses rues étroites et tortueuses. Elle traverse successivement les rues Notre-Seigneur, du Miroir, Saint-Ghislain, des Capucins et des Renards, l’établissement du Renard (remplacé par une vaste place publique qui sera la place du Jeu de Balle), puis les rues de la Rasière, des Vers et du Remblai. Cette nouvelle percée absorbe trois voies situées dans la direction qu’elle suit : l’impasse de la Malice, la petite rue des Capucins et la rue de la Couronne. Ajoutons que Blaes avait exercé en 1847 les fonctions de secrétaire dans la commission chargée d’organiser l’exposition des produits de l’industrie nationale, ce qui lui valu d’être nommé chevalier de l’Ordre de Léopold pour les services rendus. Il meurt le 2 décembre 1855 à l’âge de quarante-six ans, trois mois et deux jours à son domicile au 62 rue de la Madeleine.

Références principales : Nadine Sougné, Une réussite urbanistique : le percement de la rue Blaes in Les Marolles, revue trimestrielle de l’association sans but lucratif Cercle d’Histoire et d’Archéologie les Marolles, septembre 1984, n°5, pp 9-14 ; Félix Stappaerts, in Biographie nationale de Belgique, tome 2, 1868, col.447-450.
Illustration : Michel-Auguste Blaes, photo Géruzet, rue de l’Ecuyer, vers 1855 © Collection Jean d’Osta (CHB)

Jean Heyblom historien et AESS

Echevins et conseillers communaux dans les noms de rues de Bruxelles-Ville (4)

Bischoffsheim busteBischoffsheim (Jonathan-Raphaël) boulevard : Banquier, homme politique, franc-maçon et philanthrope d’origine juive allemande, Jonathan-Raphaël Bischoffsheim est né à Mayence (D) le 7 ou le 26 avril 1808 dans une puissante famille de banquiers comparable aux Rothschild.
En 1837, il vient s’installer à Bruxelles et on le retrouvera impliqué entre cette date et 1870 dans nombre d’opérations financières et dans la gestion de grandes entreprises soit de transport (chemins de fer), soit industrielles (charbonnages et aciéries). Il mettra aussi son expertise dans le domaine bancaire pour jouer le rôle de conseiller auprès du roi Léopold Ier et auprès du gouvernement pour créer et administrer de nombreuses entreprises publiques comme la Banque de Belgique (1835), la Banque nationale de Belgique (dès sa mise sur pied en 1850, il en fut le directeur (1850-1870) puis le président du collège des censeurs jusqu’en 1874), le Crédit communal de Belgique (1860) et la Caisse générale d’Epargne et de Retraite (1867). Dès octobre 1875, il défendit l’idée d’une Société nationale des Chemins de Fer Vicinaux qui verra sa concrétisation par la loi de 1884-1885. Ayant obtenu la grande naturalisation en 1859, il fit en parallèle une carrière politique dans les rangs du parti libéral comme membre du conseil communal de Bruxelles de 1848 à sa mort et comme sénateur de Bruxelles de 1862 jusqu’à sa mort. Bischoffsheim s’investira dans l’amélioration de l’enseignement et de l’éducation comme cofondateur de la Ligue de l’Enseignement (1864) et de l’Association pour l’enseignement professionnel des femmes (1864) en mettant à disposition des moyens financiers. Dans ce cadre il permettra la création d’une école professionnelle pour filles A (1865) qui prendra son nom en 1891, d’une école professionnelle B (1873) (futur Institut Ghislain Funck) et de l’Ecole Modèle (1875). Il avait contribué à la fondation de l’ULB en 1834 et en devint administrateur de 1870 à 1874 comme membre permanent et de 1874 à 1883 comme représentant du Conseil communal de Bruxelles. Il y créa une chaire de langue arabe en plus de plusieurs bourses.
Philanthrope généreux pour des œuvres juives et non juives, pour la commune de Boitsfort (organisation de l’enseignement primaire local), pour le Denier des écoles, pour l’Œuvre du vêtement, pour l’Association pour secourir les Pauvres honteux.
Membre du consistoire central israélite de Belgique, il en fut le président de 1837 à 1848 et membre honoraire de 1848 à sa mort. Il fut un donateur important pour l’érection de la synagogue de la rue de la Régence (1875-1878).
Il décède le 5 février 1883 à Watermael-Boitsfort à 74 ans et est enterré au cimetière de Bruxelles à Evere dans le caveau familial surmonté par un édicule imposant. Le bd. Bischoffsheim, tronçon des boulevards de ceinture, relie la pl. Surlet de Chokier à la r. Royale et porte son nom depuis 1883 remplaçant celui de bd. de l’Observatoire où Bischoffsheim fut domicilié.

Références principales : Dictionnaire de l’Histoire de Bruxelles (dir. S. Jaumain), Editions Prosopon, Bruxelles, 2013, p. 93 ; P. Kauch, Biographie Nationale de Belgique, t.30, supplément tome II, fascicule 1er, 1958, col. 171-174 ; P. Defosse, Jonathan Bischoffsheim et l’enseignement professionnel pour jeunes filles, in Éduquer, n°72, mars 2010, pp.41-43.

Illustration : buste en plâtre de Jonathan-Raphaël Bischoffsheim, tel qu’exposé en bronze à la maison communale de Watermael-Boitsfort, en marbre à l’ULB et dans son caveau au cimetière de Bruxelles à Evere. Auteur : Armand Cattier ; Musée Juif de Belgique n° inventaire 17719

Jean Heyblom historien et AESS

Echevins et conseillers communaux dans les noms de rues de Bruxelles-Ville (3)

carte CraanBasse (Frédéric) (rue) : Né à Bruxelles le 25 février 1785 et mort dans la même ville le 30 juin 1848 à 63 ans. Issu d’une famille française émigrée en Westphalie à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes et venue s’installer à Bruxelles vers 1770, Basse s’illustre comme industriel dans le domaine textile en prenant à 25 ans la direction de l’importante fabrique familiale d’imprimerie de toiles, de blanchisseries et de filature de coton ; il y apporte d’importantes innovations techniques dont notamment la mécanisation grâce à des machines à vapeur. Son entreprise acquit d’ailleurs une réputation amplement reconnue. Après un premier refus de sa part en 1822, lors de la création de cette institution, il accepte en 1825 de faire partie du Conseil des directeurs de la Société Générale des Pays Bas pour favoriser l’Industrie nationale entamant ainsi une carrière d’administrateur de sociétés. En 1830, lors des journées révolutionnaires, il voit son entreprise saccagée par ses ouvriers en réaction à une mécanisation réductrice de main d’œuvre ; elle ne s’en remettra pas et Basse ferme sa manufacture en 1835. Il se lance alors dès 1829 dans le secteur de l’industrie charbonnière en devenant co-propriétaire de la mine de Monceau-Fontaine. Dans le cadre du Conseil des Directeurs de la Société Générale, il sera chargé en 1831 des négociations sur la création du canal reliant la Sambre française à l’Oise (1834-1839) donnant ainsi au bassin de Charleroi une liaison directe jusqu’à la région parisienne ; Basse avait des motifs personnels dans cette réalisation, car la prospérité de la mine de Monceau-Fontaine reposait en grande partie sur cette nouvelle voie de communication. Mais dans cette industrie charbonnière il essuie un échec financier retentissant dû à la crise de 1838 et accumule les dettes ; il se montrera incapable de rembourser la Société Générale, sa principale prêteuse ; il démissionnera du conseil de direction de celle-ci en mai 1848 après 23 ans à ce poste ; il avait également perdu son épouse Eulalie Delatour en janvier ; tout cela le poussera finalement au suicide le 30 juin 1848. Parallèlement, il s’était aussi investi dans la politique : c’est ainsi qu’il siège au Conseil de Régence (= le Conseil communal actuel) de Bruxelles de 1817 à 1830 et sera membre des États provinciaux du Brabant de 1822 à 1848. En 1834 il est élu député libéral pour l’arrondissement de Bruxelles, mais démissionne immédiatement. Il fait partie en 1835 du Consistoire de l’Église protestante de Bruxelles Ce franc-maçon actif au sein de la loge « Les Amis Philanthropes » compte parmi les membres fondateurs de l’ULB en 1834. La rue qui porte son nom depuis 1839 et qui assure la liaison entre l’av. de Stalingrad et la r. Terre-Neuve tire son origine avec trois autres (r. de la Fontaine, r. Sallaert et r. Schavaye (absorbée en 1869 par l’actuelle av. de Stalingrad) du lotissement des terrains sur lesquels s’étendait son usine.

Références principales : Dictionnaire de l’Histoire de Bruxelles (dir. S. Jaumain), Editions Prosopon, Bruxelles, 2013, p.72 ; L.Gachard, Biographie Nationale de Belgique, t. I ,1866, col.744-746 ; L.J. Peelaert, La représentation maçonnique dans les noms de rues de Bruxelles,1982, p.26. P. Scholiers-Vanden Eeckhout, Een vertegenwoordiger van het opkomend industriekapitalisme: Frédéric Basse, van katoendrukker tot beheerder van N.V.’s, in BTNG-RBHC, 07,1976,3-4, pp. 473-491 (consultable sur internet)

Illustration : Détail du plan de la Ville de Bruxelles de Willem B. Craan de 1836-1837 : on y distingue la rue Terre-Neuve et son tracé rectiligne ainsi que la Senne qui serpente ; entre les deux les terrains des installations de l’imprimerie d’indiennes de Mr Basse.

Jean Heyblom historien et AESS

Contactez-nous

  • Siège social et adresse postale
    Cercle d'Histoire de Bruxelles
    c/o Jean-Jacques DE GHEYNDT
    Rue du Pélican 37/bte.10 - 1000 Bruxelles
  • Adresse des locaux :
    Mont-de-Piété – 21 rue St-Ghislain – 1000 Bruxelles
  • Tél: 0470 43 32 49
  • Email : info@cehibrux.be